Deux militaires et un présumé trafiquant d'espèces sauvages ont été arrêtés à Yaoundé pour trafic d'écailles de pangolin. Les deux militaires, un Sergent, qui travaillait auparavant avec la garde présidentielle et un Matelot de deuxième classe ont été arrêtés par des éléments de la Brigade de Gendarmerie d’Odza et de la Compagnie de Gendarmerie de Mimboman. Ils ont été arrêtés en collaboration avec la Délégation Régionale des Forêts et de la Faune du Centre alors qu'ils essayaient de vendre des écailles de pangolin.
Près de 400 kg d'écailles de pangolin ont été récupérés lors de l'arrestation du 7 juin 2020. L'opération a été réalisée avec l'assistance technique de LAGA, une organisation non gouvernementale spécialisée dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Les deux militaires ont été arrêtés dans le quartier Odza et emmenés à la Compagnie de Gendarmerie de Mimboman. À son arrivée à la Compagnie, le Sergent a affirmé que les écailles lui avaient été données par une femme afin qu’il les revende. Les éléments de la Gendarmerie ont immédiatement effectué un raid dans ses locaux et elle a été appréhendée à Ekounou. Elle avait envoyé son fils, le Matelot de deuxième classe qui a également été arrêté, pour la représenter lors de la transaction. C’est une commerçante spécialisée dans la viande de brousse bien connue au marché de la faune de Nkolndongo à Yaoundé.
Selon les rapports d'enquête, le Sergent est un client régulier de viande de brousse du trafiquant présumé. Il s'est dévoué et se servait de son statut de militaire pour vendre près de 400 kg d'écailles de pangolin. Plusieurs défenseurs de l'environnement dénoncent le rôle douteux que jouent certains agents des forces de l’ordre dans le trafic de produits de la faune sauvage dans le pays. En 2017, 216 défenses d'éléphants et 81 queues d'éléphants ont été saisies dans la voiture d'un Colonel de Gendarmerie et deux personnes ont été arrêtées à Djoum.
Lors d'une autre opération en mai 2019, un agent de police basé à Garoua a été arrêté à Yaoundé en lien avec le massacre et le trafic d'espèces sauvages protégées dans le parc national de Bouba Ndjida. Il a été arrêté avec 5 crânes de lion, une peau de panthère et des défenses d'éléphant. S'exprimant au téléphone depuis Nairobi, le directeur du LAGA, Ofir Drori, apparemment impressionné par le travail de la Gendarmerie, a déclaré que: «Toutes les personnes arrêtées ont explicitement déclaré la valeur de deux hommes en uniforme dans ce réseau de trafic, était de toute impunité dans leurs transactions illégales. Dans cette répression, le gouvernement du Cameroun envoie un message fort: les criminels ne peuvent pas se cacher derrière leurs uniformes ».
Selon la Convention sur le commerce International des espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d'extinction (CITES), le pangolin est le mammifère le plus trafiqué et braconné au monde, principalement en raison de la demande des consommateurs chinois, pour ses qualités médicinales supposées. Le groupe de conservation WildAid, dit que jusqu'à 200 000 pangolins sont consommés chaque année en Asie. Bien que les pangolins soient sous le feu des projecteurs depuis le début de l'épidémie de Covid-19 du fait que des études suggèrent qu'ils pourraient être l'hôte intermédiaire qui a transmis le virus à l'homme, le trafic de cette espèce fragile continue de prospérer.
La Chine qui a reçu la plupart des critiques pour son commerce de pangolins, au début du mois de juin, a élevé le statut de protection des pangolins au plus haut niveau, a rapporté récemment le site d'information Guardian. Le site a également publié que les écailles de pangolin ont été retirées de la liste officielle des ingrédients 2020 pour utilisation en médecine traditionnelle chinoise. De nombreux écologistes et défenseurs de la faune sauvage espèrent que la récente décision du gouvernement chinois aidera à mettre fin au commerce mondial du pangolin. L'espèce est totalement protégée au Cameroun et réglementée par la législation. La loi cible donc ceux qui manipulent illégalement l'espèce.